Vie pro/Vie perso: on arrête quand la schizophrénie ?

nathalie babouraj

21 Juillet 2019
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Est-ce que vous vous êtes déjà entendu dire...

« Qu’est-ce que je suis venue chercher dans cette formation ?

- Pour ma vie pro, ça me permettra d’améliorer ma communication, d’être plus à l’écoute des autres, et de mes émotions.

- Pour ma vie perso aussi, ça va m’aider à mieux dialoguer avec mes proches… »

Ou encore:

« Dans ma vie pro, je suis une personne qui fonce, qui montre peu mes émotions, et qui peut paraître parfois dure.

Dans ma vie perso, je prends des cours de chant, ça me fait un bien fou! Mais non, je n’oserais jamais chanter avec mes collègues! »

Et moi, j'ai souvent écrit:

« Trouver son équilibre entre vie pro et perso: trouver son bien-être et celui de mon entreprise »

Combien de fois m’a-t-on demandé d’intervenir sur ce sujet comme experte, en tant que médecin de prévention des risques psychosociaux. Et moi aussi je me suis prêtée au jeu. Cela me permettait d’aborder des sujets de coeur, comme l’écoute de soi, de son corps, les pratiques psychocorporelles, la gestion du stress, l’intelligence collective.

Avec les années, en préparant mes cours, j’ai petit-à-petit commencer à l’entendre. Cette petite voix.

« Ah d’accord, du lundi au vendredi, tu es une guerrière, et le weekend, tu appuies sur le bouton OFF et tu récupères. Tu fais un break. Tu coupes l’ordi, le téléphone. Tu te recharges. Et le lundi matin, rebelotte, tu recharges le missile ? »

Etant moi-même free lance depuis plus de 5 ans, en effet, j’ai réalisé que ma créativité, par exemple, ne pouvait pas se dompter. Allumée la semaine, éteinte le weekend. Impossible. Des fois c’était même l’inverse. Et mon cerveau de médecin a commencé à me demander ironiquement: " tu croies que ton tube digestif fonctionne différemment quand tu es en vacances ou quand tu travailles? Et tu croies que tes organes, tes systèmes se branchent sur un fonctionnement quand tu bosses et sur un autre quand tu ne bosses pas? Allo! Il est peut-être temps de reconnecter tout ce beau monde à l’intérieur de toi ? "

C’est peut-être le fait de séparer les choses, de nous mettre nous-même dans des cases qui créent une forme de tension physique, psychique, émotionnelle. Au final du stress, de la fatigue, de l’incohérence, et… Un burn-out?

Le futur du travail… Vous le voyez comment ?

Avec le monde du travail qui change, l’hyperconnectivité nous montre que tout est lié. Pour le meilleur comme pour le pire.

Là où avant la limite entre boulot et maison était nette, avec la localisation géographique, aujourd’hui, nous avons tout dans nos objets connectés, nous transportons notre travail où nous voulons. Les réunions peuvent tout à fait se faire en virtuel, à des milliers de kilomètres. Nous sommes de plus en plus nombreux à travailler de chez nous, en voyage, ces fameux #digitalnomads. Il n’y a plus de limites entre travail et vacances. Alors est-ce légitime de garder cette séparation vie pro/vie perso ?

Autre incohérence que je relevé chez moi et autour de moi:

Un exemple tout bête quand j’ai commencé à faire mes notes de frais: séparer le pro du perso a commencé à être un non-sens. Oui, je m’offre une semaine de stage de yoga, mais ce n’est pas que du perso, c’est aussi pour le bien-être de mon entreprise! Et en plus, c’est de la recherche et du développement puisque l’objet de ma boîte, c’est remettre l’humain au centre des systèmes. Alors comment on fait? Quels critères pour définir le perso du pro? Nous sommes des êtres humains. Pas des robots avec un bouton ON/OFF. Enfin pas encore.

Une autre question qui vient me titiller. « Alors, les vacances ou le taf? »

Une incohérence qui parfois peut m’énerver (et ça parlera aux entrepreneurs comme moi qui utilisent les réseaux sociaux pour promouvoir leur activité, en postant des photos de leur vie d’entrepreneur nomade): que répondez-vous à cette question: « Alors, les vacances ou le taf? »

Les 2 mon capitaine!

C’est fini (pour moi en tout cas) le temps du travail du lundi au vendredi, et repos les weekends et jours fériés. C’est fini l’illusion des 35 heures. Ce système de fonctionnement bride ma créativité et me cantonne à une to-do list enfermante. A une créativité bridée et sous contrôle.

Je vous entends venir… « Oui DocLaLuna, c’est bien beau ton histoire, mais comment faire concrètement? Comment trouver son équilibre sans devoir tout plaquer et partir vivre dans les montagnes de l’Himalaya? C’est facile quand on n’a pas d’enfant, que le mec partage cette même vision, et qu’on est libre comme l’air! »

Alors comment faire???

Je vous partage des pistes, à explorer en fonction de vos envies, et de votre âme créative...

1- Les bulles dans l’agenda

On y va tranquille. En douceur. Déjà commencer par créer un nouveau schéma de pensée dans vos activités au travail.

Sortez du dichotomique: pro d’un côté, perso de l’autre. Soignez votre agenda de votre schizophrénie.

Voyez plutôt votre espace de créativité comme un flow constant qui vous traverse, quelques soient les jours.

Et voyez comment vous pouvez créer des petites bulles d’oxygénation dans votre emploi du temps, pour souffler, vous régénérer, utiliser vos 5 sens, aller dans la nature, ne rien faire, profiter de votre famille, vos amis…

2- Prochaine étape. S’inspirer de la nature, de sa temporalité organique

Mais oui vous le savez, nous sommes la nature. Une nature qui se déconnecte avec la digitalisation.

Alors allons nous inspirer de son intelligence! Elle est dans un flow. Ne force rien.

Aux phases d’action s’enchaînent des phases de régénération.

Suivez les rythmes: jour/nuit. Les saisons (tant qu’on en a encore!).

L’hiver, autorisez-vous à hiberner. L’été rayonnez.

3- La revanche des femmes... Bonus inestimable pour nous mesdames!

Et oui… Nous avons une boussole de la nature en nous mesdames. Oui, oui, nos cycles sont de véritables indicateurs hormonaux qui, quand on apprend à les écouter, sont d’une aide extrême. Vous savez les sauts d’humeur, d’énergies, les pics de créativité, le descente aux enfers pour certaines, et bien ce sont des cycles de la nature ancrés en nous. Vous luttez contre, vous perdez de l’énergie, vous allez avec, vous êtes dans votre flow.

Alors si vous êtes entrepreneure, et que vous êtes votre propre boss, c’est le moment de switcher de votre agenda linéaire à votre agenda cyclique.

J’ai créé un outil qui s’appelle le mandala lunaire, pour designer vos propres repères par rapport à vos phases d’énergie et vos phases de récupération (www.doclaluna.com)

4- Dernière astuce pour en pas finir en schizophrène du numérique ?

Accueillez toutes vos facettes. Vos forces comme vos faiblesses.

Vous êtes un macrocosme à vous tout seul.

La différence entre un schizophrène et un être équilibré, c’est que les 2 savent qu’ils sont faits de plusieurs facettes. Mais la différence entre les 2, c’est que le 2ème a cette capacité à se connecter à la partie de lui qui unit le tout. A intégrer toutes ses facettes.

Alors créez des ponts. Entre votre corps, vos émotions, vos pensées. Entre vos cellules. Entre les personnes que vous rencontrez. Entre les signes que la vie met sur votre chemin.

Imaginez l’univers comme une immense symphonie où chacun joue sa note unique.

A vous de trouver la vôtre.